Actualités / Cadre de vie - mercredi 16 octobre 2013

Il y a 80 ans, on inaugurait l’école Grandclément

“VIVE notre école ! Ce jourd’hui 24 septembre 1933 marquera une date dans l’émancipation de Vaulx-en-Velin. Le petit village rural d’il y a 10 ans (1500 habitants) devenu la grosse commune semi industrielle, semi rurale d’aujourd’hui (8000 habitants) aura une école vaste, saine, moderne, construite par la municipalité communiste au service des ouvriers et des paysans.” Ainsi commence l’allocution du maire Paul Marcellin devant la foule, venue nombreuse pour l’inauguration des nouveaux locaux, en plein cœur du bourg de Vaulx. Ils remplacent ceux du château, insalubres et vétustes, et sont placés sous le patronage du docteur Jules Grandclément (1847-1935), ancien maire de Villeurbanne.

Six ans auparavant, il n’y avait que labours et bétail. Grâce au travail de l’architecte Auguste Hamm, d’imposantes bâtisses sont sorties de terre : la mairie du bourg, le bureau de Poste, l’école pour filles et celle pour garçons, l’école maternelle et les bains-douches. Ce sont aujourd’hui le Pôle culturel René-Carrier (dont la bibliothèque et conservatoire de musique), des locaux associatifs et, bien sûr, l’école Grandclément et le bureau de Poste qui ont gardé leur vocation originelle.

Une célébration grandiose

A l’automne 1933, la municipalité offre aux habitants et à ses invités une somptueuse fête qu’elle met des semaines à préparer. Rien n’est trop beau pour l’occasion : installation d’un carrousel de chevaux de bois et d’un manège voltigeur, course cycliste, décoration des rues, illumination des bâtiments, impression de 2000 cartes postales et édition d’une brochure, grand bal, concert public, buffet (avec pas moins de 30 kilos de cacahuètes), vin d’honneur, goûter pour les plus petits, défilé... Une allocation exceptionnelle de huit francs par chômeur chef de famille est même décidée. La dépense totale programmée avoisine les 25 000 francs. Un déploiement qui n’est pas au goût de la Préfecture. “J’ai l’honneur de vous faire connaître que cette somme paraît hors de proportion avec l’importance réelle de la commune et en tout cas excessive dans les circonstances actuelles”, fait savoir le préfet. Le Conseil municipal consent à alléger le budget de 10 000 francs mais il n'abandonne pas l'idée d'une célébration grandiose. 

Les élus lancent des invitations à tour de bras. Tout ce que l’Hexagone compte de maires, de députés ou de militants communistes est convié. La boutonnière agrémentée d’une petite étoile rouge en celluloïd ornée de l’inscription “Vive nos écoles – Vaulx-en-Velin 1933“, ils sont nombreux à faire le déplacement. Si Edouard Herriot, maire de Lyon, décline, tout comme Paul Vaillant-Couturier, “retenu en Extrême Orient”, Jacques Doriot confirme sa venue depuis Saint-Denis dont il est député-maire. De toute manière, il peut difficilement refuser. Sa visite a été largement annoncée par voie d’affiches et de presse avant qu’il ne confirme.

Des cadeaux sur le bureau

La fête terminée, 168 garçons et 165 filles prennent place devant leurs pupitres flambant neufs, le 1er octobre 1933. Sans compter les petits de la maternelle : “D’après les statistiques, il apparaît que 110 enfants sont susceptibles de fréquenter cette école maternelle”, note la municipalité avant l’ouverture. Ne reste plus à tout ce petit monde qu’à s’approprier ses nouveaux locaux. “Le matin de la rentrée, mes élèves ont déposé leurs cadeaux plein mon bureau : de l’eau de Cologne, des boîtes de chocolat de toutes dimensions. Et ce sont les plus bêtes qui ont apporté les plus belles boîtes”, écrit une institutrice à ses parents quelque temps après cette belle inauguration.

Maxence Knepper