Cadre de vie / La Grappinière a 50 ans : bon anniversaire! - lundi 02 juin 2014

Maurice Amsellem : “On en a vu défiler, des clients...”

MAURICE a gardé ses yeux d’enfant pour le quartier qu’il anime toujours depuis son comptoir de la brasserie des Taxis. Pourquoi “des taxis” ? Y avaitil une station ? Non, mais il a “fait le taxi de nuit durant dix ans…. J’ai acheté le bar, j’avais 30 ans”.`

Enfant, c’est sous d’autres horizons qu’il a vécu : à Colomb-Béchar en Algérie avec sa famille. Des “rapatriés” comme on disait en 62, à l’indépendance du pays. Revenus dit-il, “une main devant, une main derrière”, l’Algérie au coeur, et la France métropolitaine à découvrir.

La famille séjourne d’abord dans un camp, celui d’Arenas –“on avait des tickets pour acheter le pain et le lait, comme pendant la guerre“ se souvientil. Puis elle gagne la région parisienne : “ma mère ne supportait pas, mon père faisait des trajets énormes“. Enfin, quelques mois plus tard, la famille s’installe à la Grappinière, dans le bâtiment A. “J’y suis resté jusqu’à mon mariage“, avec toute la famille, soit douze enfants dont cinq sont nés en France. “Quand on est arrivé, le Mas du Taureau n’existait pas du tout, rappelle-t- il. Ma jeunesse, c’est Vaulx, et surtout la Grapp”. Mais l’époque est rude, Maurice est le cadet de la famille… Après un court passage à l’école du village, Maurice travaille dès l’âge de 14 ans, “dans une fonderie, puis dans une biscuiterie”. Il se souvient de la Grappinière comme “un beau petit village où tout le monde se connaissait”. Bien de l’eau a coulé sous les ponts de Vaulx, et Maurice connaît toujours tout le monde : les jeunes, les vieux, tout le monde ici le connait et le respecte. Il a servi de tonton pour plus d’un gamin.

En l’écoutant parler, toute la Grappinière d’antan défile sous nos yeux. Maurice, ayant tâté du marché de fruits et légumes au Mas du Taureau, se souvient de la maraîchère, de la fromagère, de la mère Macary qui faisait des glaces. Ses yeux pétillent quand il évoque “la barque à prendre quand l’eau montait”, le club de foot de la Grapppinière, le stade, là où se situe aujourd’hui la place Noëlle Grégoire, ou bien la route en pavé que prenait le livreur de lait avec son cheval…

Il a vu arriver le centre social Georges Levy, que son grand fils fréquentait à sa création. “J’ai connu tous les maires depuis Robert Many”, autant dire un demi-siècle à aimer cette ville. Les distractions étaient rares : il y avait une “salle des jeunes dans l’ancienne mairie du village, un cinéma vers l’Hôtel du Nord... On passait sous la voûte, ça n’existe plus”. Il y avait “les eaux bleues”, les anciennes gravières qui sont devenues le Grand Parc, la vogue au village, la kermesse, les bains-douches derrière l’école Grandclément. Il a même connu le temps où les vaches traversaient le village ! Et jusque dans les années 80, celui du centre commercial de la Grappinière qui fonctionnait alors à plein régime, avec magasin de pêche, épicerie, pressing…

“Depuis le temps, on en a vu défiler des clients… des riches, des pauvres, des fous, des intelligents…. On sert de conseiller, d’assistante sociale, on sert de tout” dit Maurice en riant. 

Pour qui ne connait pas l’endroit, il est conseillé de s’y rendre. Maurice sera comme d’habitude derrière son immense comptoir, toujours avenant. Aux murs, des décorations qui font chaud au coeur, sur des murs très colorés : éventails, gravures, souvenirs de vacances, cadeaux des clients.

Bientôt, la Brasserie des Taxis sera démolie. Certes, Maurice et sa femme Patricia, en auront des regrets. Leur taverne chaleureuse ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Mais foin de nostalgie. Maurice et Patricia avaient effleuré l’idée de partir à la retraite, mais comme finalement, le café sera transféré dans le nouveau centre commercial à quelques pas de l’ancien, leur jeune fils va prendra peu à peu le relais. On leur fait confiance pour la décoration de la future Brasserie des taxis, ce sera toujours aussi chaleureux.

Françoise Kayser

Il est arrivé au à la Grappinière à 12 ans, il en a 64 : faites le compte… cela fait 52 ans que Maurice Amsellem fréquente le quartier, qui reste pour lui “la plus belle cité de Vaulx-en-Velin.”

5274 vues

Commentaires

Vaulx-en-Velin > Journal > Actualités > Cadre de vie > La Grappinière a 50 ans : bon anniversaire! > Maurice Amsellem : “On en a vu défiler, des clients...”