Actualités / Cadre de vie - mardi 04 décembre 2012

Pôle hospitalier mutualiste : le site de Décines recalé

TOUT COMMENCE il y a six ans. La Mutualité du Rhône met en place un projet de 401 lits et places pour regrouper sur l’Est lyonnais ses cliniques du Grand-Large (Décines), de l’Union (Vaulx-en-Velin) et de Lyon 3e (Trarieux), ainsi que deux établissements de suite de soins. Et y ajoute une crèche (60 places) et une maison de retraite médicalisée (86 places). Elle acquiert fin 2010, à l’entrée de Decines et à la limite de Vaulx-en-Velin, un terrain propriété d’Archemis (ex. Rhône-Poulenc), d’une superficie de près de dix hectares. La société Archemis engage la dépollution de cet ancien site industriel et la Mutualité obtient le permis de construire dans la foulée.

Pourtant, aucune grue ne vient percer le paysage décinois et lancer les travaux. Car pour boucler son plan de financement et obtenir des crédits de l’Etat, la Mutualité doit passer devant l’Agence régionale de santé (ARS). Inscrite au titre du Plan hôpital 2012, la future clinique mutualiste fait l’objet de plusieurs réunions avec l’ARS courant 2010. En 2011, l’agence annonce qu’il y aura un examen ultérieur, fin 2012. Le projet est une nouvelle fois repoussé. De son côté, le groupe privé Capio a déposé une demande de financement pour la reconstruction

de la clinique du Tonkin dont il est propriétaire à Villeurbanne. L’ARS finit par refuser les deux financements séparés (30 millions d’euros chacun), affirmant qu’elle attend des établissements “une recomposition de l’offre de soins” qui réponde à une “réduction des capacités d’accueil”, puisqu’elle constate “une surcapacité importante en lits, en particulier en chirurgie”.

Las, la Mutualité et Capio se rapprochent pour présenter une offre commune. Ils passeront de 850 à 668 lits. Reste le choix d’implantation. Le site de Décines, déjà acquis, semble être la meilleure solution. Mais les médecins du Tonkin font le forcing : ils refusent et choisissent Villeurbanne, sur l’ancien site ABB (à l’angle des rue Léon- Blum et Faÿs). “Une vingtaine de médecins considèrent que leur portefeuille de clientèle, c’est le sixième arrondissement et menacent de partir vers d’autres cli- niques si le projet se fait à Décines”, dénonce le maire Jérôme Sturla. Qui réunit ses homologues de Vaulx-en-Velin et Meyzieu pour rendre public leur mécontentement. Bernard Genin, maire de Vaulx-en-Velin ne veut pas “que le choix qui se dessine puisse être imposé sous la pression de médecins libéraux qui refuse- raient de traverser le périphérique”. C’est pourtant ce qui semble se pas-

ser. La Mutualité ne peut mener seule son projet car elle n’obtiendra pas de financement de l’Etat. Et Capio, de peur de voir partir ses médecins, impose le choix de Villeurbanne. “Nous demandons que l’ARS revoit le dossier non plus sous l’angle purement économique, mais sous l’angle d’une politique publique de santé au plus proche de nos habitants, ajoute Bernard Genin. Nos villes de l’autre côté du périphérique ont aussi droit à des équipements de santé de qualité”. Pour le maire, le choix de Villeurbanne provoquerait un véritable désert médical sur l’Est lyonnais avec la fermeture de deux maternités et l’absence d’établissement de soins avec un service d’urgence.

Et le “mariage forcé” d’un groupe privé avec un groupe mutualiste laisse craindre la confusion des genres pour les patients : d’un côté des médecins libéraux pratiqueront des honoraires libres avec possibilité de dépassements ; de l’autre les médecins salariés de la Mutualité auront des tarifs de secteur 1, sans dépassement.

Les conseils d’administration de la Mutualité, le 12 décembre, et de Capio, le 13, doivent entériner le futur site. Si tel était le cas, le pôle hospita- lier ouvrirait à Villeurbanne en 2017.

Edith Gatuing

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