Cadre de vie / Racine contrainte de régulariser son activité de compostage - mercredi 21 janvier 2015

Existe-t-il un risque sanitaire ?

LE COMPOSTAGE est un mode de gestion écologique des bio-déchets (ordures ménagères, déchets verts, boues de station d’épuration...) encouragé par les pouvoirs publics. Du même coup se posent des questions sur les risques liés aux agents chimiques et biologiques déjà présents dans les déchets ou produits par le compostage. Leur présence est avérée, mais les concentrations sont très variables selon les plateformes. tout dépend de l’activité, des déchets traités, du confinement, des conditions météo... “Seules des campagnes de mesure permettent d’évaluer avec précision les niveaux de pollution sur un site donné”, indiquent des chercheurs de l’INRS(1).

 

Le cas des bioaérosols

Les activités de compostage génèrent des bioaérosols(2). Certains scientifiques s’intéressent à ces bactéries, moisissures et autres toxines dans l’air. Leurs études concernent principalement l’exposition des salariés aux agents microbiens et à leurs composés et avancent que les risques liés à l’inhalation de moisissures aéroportées(3) sont principalement de type infectieux, toxinique et immuno allergique. Quid de l’exposition des riverains ?

Chez les riverains des sites de compostage, les études épidémiologiques sont rares. “Nous avons très peu de données scientifiques sur l’évaluation des effets sanitaires de ces plateformes. Ce sont des études coûteuses, qui réclament des moyens et du temps”, commente Lucie Anzivino, chargée de mission Santé/Environnement à l’Observatoire régional de la santé. L’étude de Herr et al en Allemagne (2003) reste isolée. Elle met en avant une “augmentation significative de la prévalence des symptômes d’irritation des voies aériennes chez les riverains résidant à proximité du site (150-200m)”.“Cette étude est habituellement citée pour soutenir l’hypothèse d’effets de l’exposition aux bioaérosols du compostage sur la santé des populations riveraines.”(4) “A la lecture des études épidémiologiques, il semble possible que des effets sanitaires puissent être détectés chez des personnes hypersensibles même au delà de 200 m(5)”. Faute de données suffisantes, rien n’est sûr. D’où l’importance de mesurer les concentrations d’éléments pathogènes autour de ces installations afin d’évaluer objectivement les niveaux d’exposition des populations environnantes. “Une commune ou un collectif peut interpeller l’Institut de veille sanitaire(6) en vue d’une expertise”, mentionne Lucie Anzivino. Quel est l’impact sanitaire de la plateforme de Racine ? La question se pose. Outre les nuisances olfactives, quels sont les risques liés à l’émission et à la dispersion des bioaérosols ? Au regard des taux élevés des traitements anti allergiques et anti asthmatiques quantifiés sur Vaulx-en-Velin, Décines et(7) Meyzieu , l’on peut se demander si l’émission de telles particules ne s’ajoute pas à un ensemble d’autres facteurs tels que la pollution, le stress...
“Etre vert est une maladie chez nous”, disait en 2009 Emmanuel Mony, président du directoire de Tarvel. Souhaitons que la formule ne soit pas à prendre au pied de la lettre.

F.M

(1) approche des risques chimiques et microbiologiques dans le secteur du compostage, iINRS 2010. (2) particules en suspension dans l'air, d'origine biologique. (3) du genre Aspergillus, Cladosporium, Fusarium, Alternaria, mucor, Pénicillium... (4) Programme de recherche de l’Ademe sur les émissions atmosphériques du compostage, juillet 2012. (5) Saint-Ouen et al, 2008 / INERIS, rapport d’étude 24/11/2011. (6)L’INVS est un établissement public, sous la tutelle du ministère de la Santé, qui réunit les missions de surveillance, de vigilance et d’alerte dans tous les domaines de la santé publique. (7) Vaulx détient les taux les plus élevés de l’agglo : 8032,8 pour les traitements anti-allergiques (taux Rhône Alpes 4723,1) et 5465,3 pour les traitements anti-asthmatiques (taux Rhône Alpes 3678,3). Chiffres ORS juin 2014.

Face à la multiplication des plateformes de compostage, depuis quelques décennies des études sont menées pour évaluer les risques chimiques et microbiologiques liés à cette activité.

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