ARCHIVES / La Voix des mots - jeudi 21 novembre 2013

Des mots sombres pour le premier soir

Plus qu’un simple poème pop, le groupe Errances propose un voyage dans une Europe de l’est ruinée et ravagée par la guerre. Clément Bondu, la voix de la formation clame un texte torturé sur des contrées dévastées. On découvre Sarajevo, Belgrade ou Prishtina en proie au chaos. “Le jeune homme aux baskets sales” y découvre des corps pendus, la cupidité et l’avidité. La voix écorchée et les mots poignants, il est accompagné par Jean-Baptiste Cognet, tantôt guitariste et pianiste, qui reste l’architecte musical de cette œuvre singulière. Mention spéciale pour les trois violoncellistes, qui apportent une touche de douceur à ce poème grave.

En seconde partie de soirée, ils arrivent sur scène le pas léger. Les membres du groupe Mendelson ne sont pas des inconnus de la scène musicale française. Ils ont sorti leur premier opus en 1997 et leur disque “Personne ne le fera pour nous” a même été primé par les quatre clés du magazine Télérama. Les comparses de la formation sont venus présenter leur nouvel opus éponyme, simplement intitulé Mendelson. Un triple album aux sonorités rock très sombres. Les musiciens peignent la solitude. Dès leur premier titre, La force quotidienne du mal, ils plongent le centre culturel Charlie-Chaplin dans la pénombre. Ca démarre doucement : les paroles ne sont pas chantées mais clamées lentement, la musique s’accélère puis la guitare se déchaine. La voix de Pascal Bouaziz, grave et posée, contraste avec son jeu de guitare, dynamique et énervé. Et les textes restent sombres et teintés d’humour noir. Ils embarquent toutefois, le public dans une introspection. Résultat : l’audience est conquise.

Rochdi Chaabnia

Photo © Jean-Loup Bertheau