Actualités / Cultures - mardi 03 décembre 2013

Le Lucathéâtre : en résidence et en immersion dans la Ville

LA HAUTE silhouette de Laurent Vercelletto, directeur du Lucathéâtre, est désormais familière aux Vaudais. Depuis 2010, on le voit déambuler sur la scène du centre culturel Charlie-Chaplin, au cinéma les Amphis, au lycée Doisneau ou bien dans une bibliothèque, un collège... Le jour de notre rencontre, il est au collège Pierre-Valdo. Il règle le pupitre dans la salle dédiée aux activités artistiques. Dans quelques minutes, entrera une classe de 4e, accompagnée de la professeure de français, Anne Philit. Tout comme plusieurs de ses collègues, elle a inclus ce temps particulier dans son enseignement avec les acteurs de la compagnie Lucathéâtre. “Nous appelons cela : Lectures, arts du récit. En quatre ans, de 2010 à 2013, nous aurons donné 180 lectures dans 141 classes”, dit Laurent Vercelletto.

Le temps qu’il finisse d’accrocher deux projecteurs pour se mettre lui-même en lumière, comme au théâtre, les élèves arrivent. Ils s’assoient sur les gradins dans le calme. Laurent Vercelletto les salue, puis résume le déroulé de la séance : la lecture d’une nouvelle de Guy de Maupassant sera suivie d’un temps de discussion. Les élèves ont étudié en classe d’autres textes de cet auteur. Certains en ont lu plusieurs pour leur plaisir. Les années précédentes, quelques-uns ont déjà participé à une lecture donnée par l’un des comédiens de la compagnie et visiblement, ils ont apprécié. Autant que les enseignantes : “Au collège, nous sommes toujours très friands de ces lectures”, dit l’une d’elles.

Une pratique culturelle prend racine

C’est ainsi qu’une pratique culturelle s’est enracinée dans les collèges vau- dais. “Ici, je fais mon travail de comédien en racontant une histoire”, précise Laurent Vercelletto, toujours droit comme un I, son texte posé sur le pupitre : “Cette nouvelle s’appelle : le papa de Simon. Merci de votre attention”. La lecture commence dans un silence religieux... et se termine vingt minutes plus tard comme elle a commencé. Pas le moindre signe d’agitation dans les gradins, on se croirait au théâtre un soir de première. Certes, Laurent Vercelletto choisit avec soin les textes selon les âges et les publics et la professeure prépare en amont ce temps avec ses élèves. Cela suffit pour que ce petit miracle de concentration se produise autour d’un texte vieux d’un siècle et demi.

“Vous lisez bien, monsieur”, fait remarquer un jeune lors de la discussion qui suit. L’acteur enchaîne sur son métier, sur la couleur des mots, sur les lectures à voix haute à destination des 6e qu’il initie. Ceux-ci iront à leur tour lire de courts textes aux petits de l’école primaire.

“Chaque année, c’est à partir des thèmes de nos créations – la famille, la religion, la compétition (sportive) – que se sont construites les actions culturelles, tant il est vrai que c’est avant tout notre travail de création qui est le moteur. Nous n’en- visageons pas une action culturelle qui soit coupée de notre travail de création”, explique Laurent Vercelletto.

Par-delà la présentation des specta- cles au centre culturel Charlie-Chaplin, le Lucathéâtre poursuit ce travail de fourmi dans la ville en s’appuyant sur les partenaires et relais : biblio- thèques, centres sociaux, festivals (Un poing c’est court, festival A Vaulx jazz, Festiv’aux Amphis, Une ville, des mémoires). Tout est bon pour “faire rayonner la langue française dans la cité, selon l’expression du directeur, quitte à aller directement à la rencontre d’habitants peu ou pas concernés par le fait culturel et artistique”.

Le Lucathéâtre ou l’art d’essaimer et d’offrir au plus grand nombre la possibilité d’un accès au théâtre.

Françoise Kayser
Photo © Marion Parent

Pratique : Tartuffe 2012, du 28 au 31 janvier 2014 aux 5C.