Actualités / Cultures - mardi 17 février 2015

Dans la galaxie jazz à Lyon

QUI L’EUT CRU, l’agglomération est un pôle de jazz ! Pourtant malgré son image polissée, la capitale des Gaules sait swinguer. Sous l’occupation, cette musique venue des Etats-Unis s’est ancrée à Paris. Dès la fin de la Seconde guerre mondiale avec la présence des GI’s, le jazz débarque à Lyon. en 1948, le Hot Club ouvre ses portes. il a été fondé par des étudiants des Beaux- arts fans de Bebop. au fil du temps, le caveau deviendra le lieu mythique des hipsters, ou fans du genre dans la langue de Molière. Les pointures y font une halte comme Duke Ellington, président d’honneur, mais aussi Miles Davis, Louis Armstrong ou encore Boris Vian, l’écrivain, musicien et amateur éclairé de ce style. Le club reste une pierre angulaire dans l’implantation du jazz. Dans les années soixante, les grands artistes sont de passage à Lyon, au Palais d’hiver, le grand music-hall. “J’y ai vu Oscar Petterson, Duke Ellington, des superbes concerts ont été organisés là-bas, se souvient jean-Paul Boutellier, fondateur du festival jazz à vienne. Dans les années 60, le jazz s’est un peu éteint. La pop et le rock ont eu une place plus importante”.

“Une sous-préfecture du jazz” ?

Le Hot club continue de marquer son empreinte. une nouvelle génération de jeunes musiciens arrive sur scène. un d’entre eux devient particulièrement renommé : le saxophoniste Louis Sclavis. “Comme tout le monde, j’ai commencé dans les années 70 au Hot club. Par la suite, on a fondé le Workshop, où nous jouions une musique plus axée free jazz, évoque le musicien, lauréat de nombreux prix. En 1977, nous avons créé l’Arfi (NDLR, association à la recherche d'un Folklore imaginaire). Je ne vois pas Lyon comme une capitale de jazz, mais plutôt comme une sous-préfecture. C’est une ville où je joue peu. Cependant, j’interviens régulièrement à A Vaulx jazz, c’est un festival privilégié où je peux présenter mes créations en toute liberté”. A la fin des années 70, le jazz s’est développé avec l’apparition de nouveaux clubs comme la Clef de Voute.

Une périphérie foisonnante

A la même période, le jazz prend son envol à la périphérie de la ville. en 1981, le festival jazz à vienne se crée. “A l’époque le maire de Lyon nous avait refusé son soutien”, souligne jean-Paul Boutellier. a quelques encablures, le théâtre antique attire toutes les pointures et gagne la stature de festival international. L’agglomération n’est pas en reste et Vaulx-en-Velin à la pointe. La première édition d’a vaulx jazz voit le jour en 1986 sous la direction de Gilbert Chambouvet puis de Thierry Serrano, celle de Saint-Fons jazz, en 2000. Fort en jazz, feu le festival de Francheville est créé en 1989 et supprimé en 2014 par la nouvelle municipalité. Cependant Lyon ne dort pas. De nombreux musiciens sont actifs. a ce jour, ils seraient plus de 400, amateurs ou professionnels, à swinguer. Parmi cette myriade de jazzmen, certains sont même venus de la patrie natale de cette musique, comme Sangoma evrett. “Je vis à Lyon depuis 17 ans, explique ce batteur venu de virginie. C’est ici que je vis et que j’ai rencontré mon épouse. Je tourne énormément et la ville est bien placée. Elle se situe à deux heures de Paris ou Marseille, à deux pas de Genève et de l’Italie, où la scène jazz dynamique. C’est une ville à taille humaine où on est très proche du public”.

Une musique toujours en quête de métissage

Le jazz n’est pas une musique figée, et s’ouvre sans cesse. “Le mélange est l’identité de cette musique, souligne le saxophoniste Lionel Martin, actif depuis 20 ans. On y retrouve aujourd’hui de nouveaux genres comme l’électro, le rock ou des musiques africaines et même des notes de classique”. Symbole de ce métissage de sonorités, Jaime Salazar venu de Colombie s’est installé dans l’agglomération, il y a dix ans. “Lyon est un bon pôle musical. La ville s’ouvre énormément sur les autres musiques, même les musiques traditionnelles de mon pays”. En terme d’ouverture, aujourd’hui les musiciens se regroupent en collectifs, comme le Grolektif actif au Périscope et ouvert à tous les genres. New orleans, Bebop, blues, rumba, musiques africaines, hip hop, rock... et plus encore, le festival A Vaulx jazz ouvre ses portes à tous ces genres musicaux aussi bien dans sa programmation Hors les murs que dans l’enceinte du centre culturel Chaplin. Il gagne ainsi ses lettres de noblesse dans toute la France.

Rochdi Chaabnia

Le Hors les murs démarre bientôt...

Photo © Pascal Dérrathé - Jazz Rhône-Alpes

Avant d’entrer dans l’enceinte d’A Vaulx jazz au cœur du centre culturel Charlie-Chaplin, petit tour dans l’agglomération lyonnaise pour comprendre la place qu’occupe cette musique dans la Métropole. Panorama des lieux, des musiciens et des personnalités qui vivent le jazz au quotidien. 

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