Actualités / Cultures - jeudi 25 octobre 2012

La langue française vue d’ici et d’ailleurs

Parler de la langue française et de son usage à travers le temps et l’espace, c’est aussi évoquer le lien affectif qui lui est subordonné. De la francophonie à la francophilie ou vice et versa, les participants au colloque ont analysé les enjeux sociaux, culturels, affectifs qui se jouent autour de la langue française. Entre son usage imposé dans le passé colonialiste, en dehors des frontières de l’hexagone, ou in situ, lorsqu’il s’agissait d’anéantir l’usage des langues régionales au profit de la langue nationale, et aujourd’hui son apprentissage ardemment souhaité par amour pour la France, les échanges ont aussi permis de soulever la question de son devenir. En effet si la langue française s’est imposée dans les pays maintenant dits francophones, elle s’est aussi nourrie des apports locaux. D’où le Manifeste pour l’hospitalité des langues rédigé par un certain nombre d’écrivains et de chercheurs dissertant sur cette évolution à la fois souhaitée par les uns et redoutée par les autres. Comment en effet passer de cette langue imposée à la langue appréciée, en un sens de la francophonie à la francophilie ? Cela implique la reconnaissance et l’acceptation des différences culturelles et linguistiques.

“Nous avons besoin d’accrocher avec le français pour entendre parler des valeurs républicaines. Par ma francophonie, vous m’avez permis de me sentir américain. Je partage vos angoisses sur la survie du français. Mais c’est aussi la langue de la colonisation”, résumait Gilles Pellerin, écrivain québécois.

“Au Burkina Faso, la langue locale était interdite. Aujourd’hui, ça a beaucoup évolué on parlerait plus de francophilie que de francophonie”, témoignait un participant burkinabé. Lorsque le français est assimilé par la force et de plus représente la langue de l’oppresseur, son apprentissage est ressenti de manière brutale. Et, plus grave, priver l’enfant de l’usage de sa langue maternelle, c’est aussi le couper de ses racines, de sa culture, comme le notait Amalini Simon, psychologue spécialiste du multilinguisme, lors de sa conférence donnée récemment à la bibliothèque Pérec. C’est pourquoi elle insistait d’ailleurs sur “l’importance pour les parents d’apprendre leur langue maternelle à leurs enfants, car elle est un médiateur affectif qui donne un lien avec la filiation”.

C’est bien avec l’ardente volonté de défendre les différences linguistiques de la population vaudaise que la Ville s’arcboute sur toutes les initiatives qui vont dans ce sens, notamment celle portée par l’association Dans tous les sens, largement impliquée dans la vie culturelle vaudaise.

Jeanne Paillard

La caravane des Dix mots s’est arrêtée cette année à Vaulx-en-Velin, au centre culturel communal Charlie-Chaplin réunissant de nombreux participants, venus disserter sur la langue française et son usage à travers le monde.

La journée de rencontre régionale visant à promouvoir l’opération d’envergure nationale des Dix mots a été la dernière étape de l’initiative locale intitulée D’une langue à l’autre. Déclinée sur différents lieux de la commune sous diverses formes, pendant un mois, l’objectif de cette manifestation était de valoriser la richesse linguistique de la commune. “La question des langues est un élément important pour la construction du vivre ensemble dans une ville qui s’est construite sur des identités plurielles”, affirmait Nassreddine Hassani, conseiller municipal, délégué à la culture en introduction aux débats.

A travers les différents témoignages, échanges d’expériences des participants venus de différents horizons artistiques et géographiques, il s’agissait de nourrir la réflexion autour des valeurs portées par la langue française et du multilinguisme.

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Commentaires

  • S., le 05/11/2012
    Espérons que personne ne prendra le terme disserter dans sa connotation négative ! Car cela avait l'air bien... Mais quand était-ce ?

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