Actualités / Société - mercredi 02 octobre 2013

Des familles d’élèves sans domicile fixe

ILS DORMENT dans des voitures, mais prennent chaque matin le chemin de l’école avec le souci de ne rien laisser transparaître. Pour marquer le refus de cette extrême précarité subie par des enfants, une mobilisation autour de deux familles sans-abri a eu lieu au collège Barbusse. Du 12 au 16 septembre, les professeurs ont occupé l’établissement afin d’alerter les pouvoirs publics. Une solution d’hébergement d’urgence a alors été trouvée par la Préfecture, la première famille au foyer Notre Dame des sans abris, la seconde dans un hôtel à Irigny. Cela ne satisfait pas les professeurs qui souhaitaient les reloger près du collège.

 

Onze familles avec des enfants scolarisés sont à la rue

Malheureusement, ces cas ne sont pas isolés. Le Réseau éducation sans frontières (RESF) de Vaulx, qui regroupe associations et écoles, avait donné l’alerte dès l’été. Onze familles dorment encore dehors aujourd’hui. Certaines ont des dossiers en cours de règlement. Une procédure longue, pour laquelle elles ne peuvent prétendre à aucune aide. D’autres sont sans papiers et sont passées par la commission d'accès aux documents administratifs (Cada). Après un refus, elles engagent des procédures judicaires pour régulariser leur situation. Derrière les dossiers, la vie des personnes est engagée. “Onze familles dorment sans toit, explique Annie Dureux, militante de RESF. Elles se trouvent essentiellement au nord de la ville. Elles sont suivies par le Secours populaire. Les enfants sont tous scolarisés. Si les petits sont dans le primaire, ils peuvent toujours rester le soir à l’étude. En revanche, quand les enfants arrivent au collège, c’est beaucoup plus délicat”. Il n’est en effet pas évident de penser au travail scolaire dans de telles conditions. Contrairement aux idées reçues, les familles sont attachées à la scolarité de leurs enfants. Il en va de même pour les enseignants. A l’école Langevin, au Village, les équipes ont connu des situations difficiles. “C’est délirant, s’exclame le directeur de l’école, Benjamin Grandener. On demande à des enfants de se fondre dans le système scolaire, alors qu’ils sont confrontés à des urgences. Il existe un accompagnement psychologique pour ces élèves mais ils sont malheureux. Ce n’est pas aux enseignants de gérer de telles difficultés mais il n’existe plus de dispositifs sociaux adaptés. Tout repose sur de bonnes volontés”. La solidarité s’organise malgré tout. Des parents lancent des quêtes ou se relaient pour laver du linge.

Une situation inédite à Vaulx-en-Velin

Un tel phénomène n’existait pas, il y a encore trois ans. Des personnes se trouvaient dans des situations précaires, mais arrivaient à être hébergées. Pour le placement d’urgence, seule la Préfecture a la compétence de réquisitionner les logements. “La ville travaille au cas par cas avec la Préfecture, le Conseil général et les bailleurs, souligne Sophie Charrier, adjointe au maire, déléguée aux Droits de l’Homme. A ce jour, près de 8000 dossiers sont déposés dans le département. Nous avons peu de logements vacants. L’essentiel étant réservé aux opérations de renouvellement urbain”. Une situation difficile où la Ville ne peut rester seule. “Nous souhaitons qu’il puisse y avoir une solidarité entre les communes, poursuit l’adjointe. J’aimerais que toutes les familles puissent rester ici”. Mais tel n’est pas le cas, la plupart des solutions trouvées le sont dans d’autres communes du Grand-Lyon. “Il est préférable que les gens puissent avoir un toit, peu importe où”, conclut Annie Dureux. Une priorité qui mobilise associations et professeurs pour l’avenir de ces enfants qu’ils côtoient quotidiennement.

Rochdi Chaabnia

 

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