Actualités / Société - mardi 19 novembre 2013

Le Collectif des privés d’emploi et précaires : un outil au service de tous

AU MAS du Taureau, il y a foule le samedi matin place Guy-Môquet : les passants se faufilent entre les bus et les voitures pour aller au marché ou bien pour se rendre au local de permanence du Collectif vaudais des privés d’emploi et précaires. Ce samedi de novembre, au pied de l’immeuble qui jouxte la poste, ils sont une dizaine. Une dame est là pour cher- cher un conseil spécifique. Le café chauffe et la parole circule : on vient ici pour faire le point avec les militants, évoquer la prochaine action, se concerter. Ce n’est pas toujours facile de s’écouter et de discuter calme- ment... Trop d’injustices ressenties, et bien réelles quand il s’agit de calculer ses indemnités : “Les usagers se retrouvent très (trop) souvent victimes d’erreurs, voire de dénis de droit”, explique Michel Leclerq, l’un des militants de l’Union locale CGT.

Quinze ans d’existence

Voilà quinze ans que le Collectif existe. Il défend avec la même vigueur tous ceux qui ont besoin de conseils, de services et d’écoute. Une vigueur nécessaire dans un contexte social et économique très dégradé. En un an, le nombre de demandeurs d’emploi a grimpé de 9 % dans l’Est lyonnais : soit plus de 46 000 personnes sur le carreau. En Rhône-Alpes, on compte 444 800 chômeurs (soit 7% d’augmentation en un an, d’août 2012 à août 2013). Dans le même temps, les offres déposées à Pôle emploi ont, elles, chuté de plus de 11 %.

Et cependant, “les chiffres du chômage servent à masquer les emplois précaires dans tous les secteurs d’activité, y com- pris les services, l’aide à la personne et les administrations”, remarque Michel Leclerq qui estime que “l’Etat se livre à une véritable opération d’intoxication. Je vois de plus en plus de contrats atypiques, qui vont à l’encontre du droit du travail. Par exemple, des gens sont pris à l’essai pour un boulot, mais sans contrat du tout”.

Des infos sur les droits

Comme beaucoup ne connaissent pas leurs droits ou ont peur de les demander, il est très difficile d’organiser une activité suivie chez les précaires. C’est là que le travail du Collectif prend tout son sens. Face à Pôle emploi qui n’a pas grand chose à proposer de ce côté-là, le Collectif informe sans relâche sur les règles “souvent obscures, injustes, voire illégales”, mises en place par l’administration : les radiations pour absence à une convocation, la mise en place du suivi dématérialisé via Internet, la récupération des indus “très souvent à cause d’erreurs de Pôle emploi”, sont des sujets de préoccupa- tions majeures du Collectif. Jean-Charles, 49 ans, est au RSA (Revenu de solidarité active) : “Voilà un an que je suis sans boulot. J’ai parfois quelques heures de-ci de-là avec des entreprises d’insertion”. Mohamed, 37 ans, travaille en intérim “dans des boîtes de l’Est lyonnais ; j’ai travaillé jus- qu’à 18 mois dans la même entreprise vaudaise. Et ensuite, dehors...”. Pierine, 60 ans, est en longue maladie ; Muriel, 46 ans, a une maigre pension d’invali- dité. “Qui dit perte d’emploi dit aussi difficultés pour se loger, se soigner, s’éduquer”, pointe Michel Leclerq qui travaille sur la prochaine assemblée générale du Collectif : “C’est un outil entre les mains des chômeurs, pour les aider à surnager, voire à se battre pour l’emploi”.

 

La manifestation du 7 décembre

Qui ira à la manifestation du 7 décembre à Paris ? C’était l’une des questions de la réunion hebdomadaire de ce samedi. Jean-Charles ira ; pas Patrice qui a peur de la foule. Les autres hésitent encore, mais c’est sûr, il y aura des Vaudais pour se rendre à ce grand ren- dez-vous national. La manifestation unitaire des privés d’emploi et précai- res pour l’emploi, contre le chômage et la précarité rassemble chaque année les chômeurs qui ne veulent plus “avoir à choisir entre remplir le frigo ou rechercher un emploi, qui veulent vivre et non survivre, bref ceux qui veulent lutter contre la misère et la pauvreté”.

Françoise Kayser

Photo © Marion Parent

Au Mas du Taureau ou devant Pôle emploi, beau- coup de chômeurs connaissent les militants CGT, piliers du Collectif des privés d’emploi et précaires à Vaulx-en-Velin. “Si vous avez des ennuis avec Pôle emploi ou d’autres, passez à notre permanence !”, répètent-ils toute l’année. 

4444 vues

Commentaires

Vaulx-en-Velin > Journal > Actualités > Société > Le Collectif des privés d’emploi et précaires : un outil au service de tous