Actualités / Démocratie locale - mardi 04 juin 2013

Quels moyens pour les zones de sécurité prioritaire ?

ILS sont venus ensemble à Lyon mi-mai pour dresser un premier bilan des zones de sécurité prioritaire (ZSP). Christiane Taubira, ministre de la Justice, aux côtés de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur ont martelé leur message, tel que l’avait déjà délivré Manuel Valls au moment de l’annonce de la création des ZSP en janvier : “La méthode, basée sur le partenariat, est la bonne”. Il fallait bien cette fois deux ministres pour annoncer, pour tous moyens supplémentaires d’ici la fin de l’année 2013, que 270 policiers rejoindraient les 64 ZSP disséminées sur tout le territoire, et que 500 emplois seraient ensuite créés chaque année dans les forces de l’ordre...

Mise en place en janvier 2013, la ZSP de Vaulx-en-Velin fait donc partie de ces 64 zones où sont ciblées “les problèmes créant de l’insécurité, comme les destructions et dégradations de biens privés, les incendies volontaires, les rodéos, les occupations de halls d’immeubles, les trafics de stupéfiants”, avait expliqué le préfet délégué à la sécurité, Jean-Pierre Cazenave-Lacrouts (qui vient d’être remplacé par Stéphane Rouvé) lors de son lancement à Vaulx-en-Velin. Il s’agit aussi de viser, voire de démanteler l’économie souterraine “de gens qui n’ont pas de revenus et qui vivent largement au- dessus de leurs moyens”.

Tâche d’autant plus rude qu’il n’est pas question pour l’instant de moyens supplémentaires de police au commissariat de Vaulx-en-Velin. Celui-ci dispose d’une centaine de policiers répartis entre la voie publique (policiers en uniforme) et les enquêteurs. Ces effectifs sont sou- tenus par le groupe anti-drogue de la division Est (Bron, Décines, Meyzieu), les brigades anti-criminalité (Bac), la compagnie départementale d’intervention et les CRS. Etre en ZSP se résume donc à permettre de mieux réguler et coordonner toutes ces for- ces de police pour faire de la “sécurité intelligente” selon les mots du préfet de région Jean-François Carenco. Pourtant, rappelle le maire, Bernard Genin, “je demande toujours des moyens supplémentaires. Les habi- tants veulent d’abord voir des policiers sur le terrain pour lutter contre les petits trafics et les incivilités qui empoi- sonnent leur vie au quotidien”.

Et, deuxième hic concernant la ZSP vaudaise, elle n’intègre pas le Village où les habitants s’inquiétaient, lors de la dernière assemblée générale de quartier, de la montée de la délinquance. “On n’abandonne pas le Village, affirme Marion Audigier, commissaire subdivisionnaire à Vaulx-en-Velin, l’enjeu est de ne pas déplacer la délinquance, les équipages patrouillent sur toute la ville”.

La démonstration de fermeté, annoncée à grand renfort médiatique, se heurte cependant à la réalité des chiffres. D’après ceux dont nous disposons, et qui restent très partiels, la délinquance à Vaulx est quasi stationnaire si l’on compare les premiers trimestres 2011 et 2012 (- 1,60%). Seuls les vols de deux roues connaissent une forte chute (- 36%).

La multiplication des opérations annoncées reste à démontrer. “Nous agissons, nous innovons, nous ajustons les moyens, a réaffirmé récemment le préfet de région. N’oublions pas que les ZSP marchent sur deux jambes, la sécurité et l’égalité des chances.”

Peut-on alors espérer que, du côté de la prévention, l’Etat dote les villes de moyens supplémentaires ? Cela n’a pas l’air d’être le cas... Le volet prévention de la zone de sécurité priori- taire reste au point mort, remarque le maire : “A côté de la cellule de coordination des forces opérationnelles, existe une cellule chargée de la prévention, sous l’égide du préfet délégué à l’Egalité des chances. Elle comprend les bailleurs sociaux, la Mission locale et Pôle emploi, l’Education nationale, les TCL et les services de la Ville. Mais là encore, les moyens ne sont pas en adéquation. J’ai écrit au préfet Carenco pour qu’il revienne sur la décision de ne plus financer une partie des postes de médiateurs mis en place par la Ville”. Intégrés au service Médiation Jeunesse, les cinq médiateurs qui y travaillent ont les compétences nécessaires pour aller vers les jeunes dans toute la ville, en créant les conditions du dialogue avec ceux qui sont le plus à la marge ou en agissant en interface avec les autres services de la Ville. “Le travail des médiateurs est extrêmement positif et ce constat est partagé tant par les partenaires de notre projet de ville que par les habitants”, explique le maire dans son courrier au préfet. “Je suis convaincu que le travail des médiateurs est complémentaire de la zone de sécurité prioritaire, poursuit Bernard Genin. Il essentiel de prolonger cette dynamique”.

Edith Gatuing

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