Actualités / Société - mardi 05 novembre 2013

Prairial, le regain plutôt que la fin

AVEC un nom pareil, ça ne peut pas être la fin de l’aventure. Celle-ci a com- mencé en 1971. C’était alors la première coopérative bio en France, créée sous la forme d’une société coopérative de consommation anonyme à capital variable. Une épicerie école où l’on apprenait à consommer autrement et où l’on disait : “C’est le mois de mai toute l’année”(1).

Mais il est bien loin le joli mois. Aujourd’hui, la survie de Prairial est en question. Malgré moult efforts, la situation économique de la coopérative s’est dégradée ces dernières années, au point d’être aujourd’hui en redressement judiciaire. “Nous croyons à son renouveau et il nous a été donné de proposer au tribunal de commerce une nouvelle voie pour cette entreprise”, dit Renaud Ferrier, l’actuel directeur de Prairial. D’où un projet de reprise conçu avec Marie Michel et Nicolas Hazotte. Ces deux gérants associés ont l’atout de la jeunesse et, qui plus est, de l’expérience. Elle, diplômée de science politique, a travaillé dans l’économie sociale et solidaire et milite pour l’alimentation de proximité. Lui, a œuvré dans la grande distribution avant de créer un restaurant puis une entreprise de multiservices. Ils travailleraient en trio avec Renaud Ferrier qui, de la fonction de directeur, passerait à celle de salarié et serait le garant de l’histoire du magasin. Renaud Ferrier a la volonté de transmettre et de passer le relais à des plus jeunes. Eux, ont “l’envie de faire vivre Prairial sur les mêmes valeurs qu’auparavant” tout en améliorant l’attractivité de la coopérative. “Nous devons répondre à l’enjeu de la modernité”, affirme Marie Michel.

 

Redonner de l’élan

Leur projet passe par la création d’une société coopérative et participative (Scop) et s’est construit avec le concours de l’Union régionale des Scop Rhône-Alpes (Urscop) et le Groupement régional alimentaire de proximité (Grap). Le 12 novembre, la nouvelle société pourra peut-être racheter le fond de commerce de Prairial. “Du point de vue judiciaire, il n’y a pas de projet unique et prioritaire mais le juge, dont le dessein est d’assurer la pérennité de l’entreprise, s’est montré à l’écoute de nos arguments”, indique Vincent Sartre, le président de la coopérative. La nouvelle équipe pense avoir une chance. En tout cas elle ne manque ni de volonté ni d’enthousiasme pour redonner de l’élan à Prairial.

Les idées fusent pour travailler la signalétique, réorganiser le magasin, mettre en avant le frais et le vrac, offrir un joli rayon vin... “Nous souhaitons aussi développer un coin traiteur et valoriser le travail des petits producteurs en mettant notamment en place un point de vente directe”, décrivent les jeunes repreneurs. Avec eux, Prairial intègrerait le réseau Grap qui offre à des petites structures la mutualisation des moyens et un accompagnement pouvant favoriser le développement de leurs activités.

Pour l’heure, l’équipe vient de lancer une souscription de titres participatifs, forme d’épargne citoyenne, à hauteur de 15 000 euros (un titre vaut 50 euros). Et le trio compte bien être opérationnel pour les fêtes de Noël.

Fabienne Machurat

 

1)Prairial est le 9e mois du calendrier républicain français. Il tire son nom de “la fécondité riante et de la récolte des prairies de mai en juin” (d’après le rapport de la Convention nationale d’octobre 1793).

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