Société / L’hippodrome de la Soie, une ville dans la ville - mardi 05 novembre 2013

Un après-midi ordinaire au champ de courses

PRESSE SPÉCIALISÉE dans une main, billet dans l’autre, l’assistance se jauge, se confie quelques tuyaux – bons ou mauvais –, fait un tour au rond de présentation puis dans les tribunes et aux guichets de jeu pour prendre le pouls de la course. Bienvenue à l’hippodrome de Vaulx-en-Velin la Soie. Cette foule d’habitués est presque exclusivement masculine. On retrouve tout de même quelques femmes et des familles au milieu de nombreuses têtes blanches. Quelques jeunes aussi, dont un trio vêtu comme des milords. “C’est la première fois que nous venons aux courses, pour voir à quoi cela ressemble, gagner de l’argent, et surtout se prendre pour quelqu’un d’autre”, explique Thomas, 23 ans, Sébastien, 24 ans et Diego, 24 ans lui aussi. Tous les trois ont sorti chapeaux à plume, foulards et bérets, comme des turfistes d’un autre temps. Ou comme André par exemple, âgé de 74 ans, qui ne quitte ni son carré de soie savamment noué, ni la table sur laquelle il a installé son demi, ses tickets et son Paris-Turf, le tout face à l’immense baie vitrée donnant sur le champ de course. “Les petites courses comme celles-là, c’est de la loterie. Difficile de connaître les chevaux. Alors qu’avec les grands prix, il y a moyen de se faire de bons pactoles”, lance le septuagénaire à l’allure de dandy qui, modeste, assure n’avoir “touché que des bricoles” ce jour-là.

Ferveur populaire

Le départ d’une course est donné. Il y en aura neuf. Les drivers, bien installés sur leurs sulkies(1) s’élancent sur la piste par la force de bêtes toutes en muscles. Au fur et à mesure que les mètres sont avalés, la foule commence à s’enthousiasmer ou à maudire le perdant. Au dernier tour, les voix se font plus présentes que jamais. C’est la ferveur populaire. Imperturbables, les enfants profitent du skate-parc aménagé au centre de la piste, sans se soucier de la valse équestre autour d’eux.

Entre chaque course, reprend l’incessant va-et-vient entre les guichets PMU, les écrans qui annoncent les cotes, et les tribunes. Les marées de jumelles d’antan ont laissé place à un écran géant, ce qui n’empêche pas la foule d’être attentive. Devant la grande fenêtre, André croise Thomas et Sébastien. Rencontre muette des élèves et du maître.

A l’étage supérieur, occupé par le salon des propriétaires et le restaurant panoramique, l’ambiance est plus feutrée. C’est autour de grandes tablées que les professionnels se retrouvent. Mais l’accès est complètement libre. “On voit bien mieux d’ici et c’est beaucoup plus calme”, avoue un badaud. Si l’atmosphère est moins survoltée, elle est toujours chargée de tension quand les chevaux entament la dernière ligne droite.

Plus bas dans les tribunes, les canassons font bonheur et malheur des parieurs. “Mon frère me dit toujours qu’il ne faut pas jouer pour gagner. Et bien moi, je suis là pour ça !”, s’enflamme Maurice. Son voisin de siège, Matthieu, n’acquiesce pas : “Il faut jouer gros pour gagner gros, donc ce n’est pas la peine d’y penser. L’essentiel, c’est de passer un bon moment sans dépenser des fortunes. Une dizaine d’euros tout au plus. Si j’avais été au cinéma, j’aurais dépensé autant”. Les tickets jonchent le sol, l’après-midi se termine. Pour nous, le bilan est honorable : 29 euros joués, 45 euros gagnés. Une bonne moyenne selon les turfistes du Carré de Soie. D’autres repartent les poches vides : ils n’ont pas misé sur le bon cheval.

(1)Attelage

Parieurs et passionnés viennent y dépenser quelques économies ou simplement admirer l’excellence des chevaux. Tour de piste à l’hippodrome de la Soie, au milieu des turfistes. 

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