Société / Santé mentale : des réseaux et des manques - mercredi 05 février 2014

Parents blessés, enfants troublés : des soins possibles

“DANS 70% DES CAS, les familles sont adressées au CMP par des tiers : des psychologues scolaires, des acteurs de la PMI...”, indique Catherine Chauvin, pédopsychiatre du Vinatier et chef de service ayant notamment la responsabilité du CMP et du centre de jour installés sur la commune.

En quinze ans, le nombre de consulta- tion en pédopsychiatrie a doublé. Aujourd’hui, près de 500 000 enfants sont suivis au niveau national. Selon les professionnels de santé, cette évolution n’est pas le fait de pathologies psychiatriques qui augmentent. Elle reflète un souci du soin psychologique accru.

A Vaulx, comme ailleurs, le nombre de demandes est très difficile à absorber. Les délais d’attente pour un rendez- vous peuvent être importants. “Cela peut aller jusqu’à plusieurs mois. Toutefois, nous évaluons d’entrée les demandes afin de repérer les urgences”, précise le docteur Chauvin.

En général, les enfants viennent au CMP pour des troubles conséquents : retards de développement, de langage, d’apprentissage, troubles du comportement, troubles du spectre autistique (autisme, syndrome d’Asperger et autres troubles neurologiques qui affectent principalement les relations sociales et la communication)... Ils sont reçus, dès le premier entretien, par un psychiatre ou un psychologue. Les consultations ne durent pas moins d’une heure, en pré- sence des parents. L’évaluation des problématiques peut passer par diffé- rents bilans : orthophonie, psychomotricité, neuro pédiatrie.

 

Construire avec les parents

“Il s’agit pour nous de bien comprendre ce qui se passe autour de l’enfant”, pour- suit Catherine Chauvin. “On s’attache à mobiliser les parents, et créer une alliance avec eux, parce que s’ils n’adhèrent pas, notre travail est vain. Certaines familles n’y arrivent pas et abandonnent. L’un des grands enjeux de l’équipe est de ne pas faire fuir”.

Lorsqu’elle est engagée, la période de soin peut aller de un à trois ans. “En France, on soigne sur la durée pour infléchir favorablement le développement de l’individu, explique la pédopsychiatre. Ici, les soins peuvent être plus longs et plus complexes que dans d’autres CMP”. Les problématiques socio-économiques des parents peuvent aggraver les difficultés familiales. “Nous rencontrons beaucoup de familles fragiles, avec des traumatismes affectifs, remarque Catherine Chauvin. Des mamans imprévisibles qui génèrent chez leur enfant une discontinuité dans la façon d’être au monde. Souvent, les parents sont d’anciens enfants malmenés par la vie”.

Les enfants atteints des troubles les plus graves sont orientés vers le centre de jour. La structure qui accueille les 5/12 ans, propose des soins à la demi- journée et les repas sur place. La prise en charge à temps partiel permet l’intégration scolaire. Là encore, il s’agit pour l’équipe pluridisciplinaire de tra- vailler main dans la main avec les parents.

En France, la prise en charge des enfants s’effectue à 97% en ambulatoire, principalement au CMP. Quant à l’hospitalisation, elle est avant tout réservée aux situations de crise.

F.M

Crédit photo © Marion Parent

Pratique : CMP enfants, 25 rue Jules- Romain. Tel : 04 37 45 17 87.
Centre de jour “Le fil d’Ariane”, 15 rue Robert-Desnos. Tel : 04 37 45 10 20

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