Portraits / JOURNAL N°117 - mardi 16 juin 2015

Le verbe haut et la gouaille impétueuse de Bouchra Beno

Des yeux de biche, une crinière de lionne qu’elle arrange frénétiquement, un débit de mitraillette, à quoi l’on ajoute un sens inné de la répartie, beaucoup d’autodérision et une spontanéité déroutante. Impossible de rester de marbre face à Bouchra Beno. Depuis quelques mois, la pensionnaire du Jamel Comedy Club sillonne la route du rire. Entre un spectacle à Marseille et un vol pour les Marrakech du Rire où 3000 personnes l’attendent, elle nous a reçus comme à la maison, au Graine de star Comedy Club de Villeurbanne. L’expression n’est pas usurpée, puisque le café appartient à son père, Ali Benosman, son premier fan.

Bien qu’un peu “claquée” par ce rythme effréné, elle vit aujourd’hui son quotidien comme “un gros kiff” : “Être sur scène pour faire rire les gens, c’est ce que j’ai toujours voulu faire”, explique-t-elle. Ce que confirme le père, racontant les repas de famille où elle captait toute l’attention.

 

Sur la scène de l’Olympia

Aux Noirettes, où elle a passé ses années collèges, le gène de l’humour taraudait déjà Bouchra Beno. “On avait monté Les fourberies de Scapin avec ma classe, se souvient la jeune femme de 33 ans. Le jour de la représentation, je n’ai pas pu m’empêcher de tourner ça en farce. J’en ai même fait pleurer ma prof de français”, ajoute-t-elle, en rigolant. Depuis l’épisode Molière, elle en a fait pleurer des gens. De rire cette fois.

Après un passage dans une émission télé il y a dix ans, (“une mauvaise expérience”), elle prend goût au spectacle, et enchaîne les étapes vers la célébrité à son rythme, du Complexe du rire, à Lyon, au Don Camillo, sur la rive gauche de la seine. et puis, le Jamel Comedy Club. “La première n’a pas été extraordinaire, mais je suis remontée sur scène et ça a été l’apothéose”, explique l’humoriste qui a connu, depuis, celles du point Virgule, de l’Olympia et a remporté les Marrakech du rire en 2013. Le principe de l’émission de Jamel Debbouze diffusée sur Canal plus, est simple : sans accessoires, sans effets spéciaux, sans musique, avec seulement un micro, les artistes ont quelques minutes pour séduire le public avec leurs mots. “C’est beaucoup de travail pour y parvenir. Sur scène, on ne peut pas tricher, avoue celle qui puise son inspiration dans les situations “de loose” vécues par ses proches. Mais avec de l’envie et de l’aisance, on peut déplacer des montagnes”.

 

Ni vulgaire, ni cliché

il y a deux choses que Bouchra Beno refuse : la vulgarité, parce que “choquer, c’est tomber dans la facilité”, et qu’on lui colle l’étiquette de la banlieusarde de service. “Ce n’est pas parce que je passe au Jamel Comedy Club et que j’ai grandi à Vaulx-en-Velin, que j’écris exclusivement pour un public de cité”, prévient-elle. un public auquel elle parle pourtant si bien. “Elle a un humour très atypique, dans lequel beaucoup de Vaudais se retrouvent”, note Cheïa Milouda, la patronne de l’association Vaulx premières planches. Cette accointance forte avec Vaulx, où elle a passé 13 ans, Bouchra la revendique. “J’ai adoré vivre là et j’y ai découvert l’humour. La vie n’y est pas plus facile, mais tellement plus drôle.” elle se verrait d’ailleurs bien dans quelques années, devenir réalisatrice et tourner une série “façon Desperate Housewives, mais à la vaudaise, et dans laquelle les femmes ne seraient ni des faire-valoir, ni des idiotes”. un projet qu’elle veut mener à terme seule, quitte à commettre des erreurs. “C’est pareil pour mes cheveux. Ca m’est arrivé plein de fois de me les couper moi- même, et je me suis souvent ratée !”, balance-t-elle, le plus naturellement du monde en se recoiffant une nouvelle fois. spontanéité et autodérision.

Maxence Knepper

Elle a commencé à faire rire “pour compenser un truc”. Depuis, l’humoriste en plein boom n’a plus grand-chose à prouver. En pleine écriture de son spectacle, la Vaudaise Bouchra Beno revient sur son début de carrière des plus prometteurs. 

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