Actualités / Société - mardi 17 décembre 2013

Encore une campagne pour les Restos du coeur

LA GRILLE n’est pas encore ouverte que déjà, ça se bouscule au portillon. La rançon de la gloire, pourrait-on dire, s’il ne s’agissait pas des locaux des Restos du coeur. “Les bénéficiaires arrivent très tôt, comme s’il avaient peur d’une rupture de stock. On a beau leur expliquer que nous répartissons nos denrées entre les quatre distributions hebdomadaires, il n’y a rien à faire”, avoue Martine Testa, co-responsable du centre vaudais. A l’intérieur, la chaleur se diffuse. Les bénévoles servent des boissons chaudes et des gâteaux pour faire patienter tout ce petit monde. Derrière son grand bureau, Rose, 1m40 de dynamisme et de bonne humeur, salue les nouveaux arrivants. “Excusez ma voix enrouée, elle est le résultat de sept saisons passées devant les congélateurs”. Depuis deux ans, elle est à l’accueil du centre, au contrôle des cartes. Un poste-clé où elle doit parfois tempérer les tensions naissantes. “C’est assez rare, mais quand il y a beaucoup d’attente ou quand les gens n’arrivent pas à l’heure au rendez-vous, le ton monte un peu”, souligne-t-elle.

“Notre seule paie, c’est leur sourire”

Gabriel fréquente les Restos depuis 4 ans. De stand en stand, son caddie se remplit petit à petit. “Sans cela, mes placards seraient vides et je ne pourrais pas nourrir mes enfants”, assure le père de famille. Des légumes, un peu de viande, des pâtes, du riz, des oeufs, du lait : de quoi améliorer l’ordinaire. Avec une soixantaine de bénévoles pour plus de 700 familles bénéficiaires, l’organisation des Restos du coeur est digne de celle d’une grosse PME. Les salaires en moins. “Notre seule paie, c’est leur sourire”, soulignent quelques uns, un badge orné du célèbre logo sur la poitrine. “A contrario, l’absence de reconnaissance est très dure à accepter”, ajoute la responsable. Au stand viande et poisson, Camélia, un franc sourire aux lèvres, demande des nouvelles de la famille de Souad tout en remplissant son cabas. “Au fil du temps, certains bénéficiaires sont devenus des amis.” Elle est parmi les plus anciennes bénévoles, cela fait 15 ans qu’elle donne de son temps. “Quand je suis arrivée à la retraite, j’ai décidé de venir pour ne pas ruminer toute la journée. Ici, j’ai l’impression de recevoir beaucoup plus que ce que je donne”, ajoute-t-elle modestement.

Rien n’est gagné

L’association vit principalement de l’aide alimentaire européenne. Une aide sur laquelle planait la menace d’une suppression. “Nous avons reçu, il y quelques jours, la confirmation que celle-ci était reconduite pour sept ans”, se réjouit Martine. Un soulagement pour tous. Pourtant, rien n’est gagné. Le centre peine à trouver des magasins qui acceptent de leur confier leurs invendus. “Ça peut paraître bête, mais à Noël, nous avons besoin de friandises, et c’est très dur d’en trouver”, explique Martine Testa. La boulangerie Moine a d’ores et déjà promis de donner ses bûches sitôt les fêtes de fin d’année passées et l’association va mettre en place des collectes dans les supermarchés vaudais.

Les activités des Restos du coeur ne se limitent pas aux distributions de repas. Une coiffeuse, ancienne bénéficiaire, propose de s’occuper gracieusement de ceux qui le veulent et des ateliers de français ont été mis en place. “Ce sont des prestations simples mais elles peuvent aider certains à avoir une nouvelle image d’eux-mêmes”, considère Martine en servant un café à un habitué. Au milieu du local, un tag vient rappeler le leitmotiv de l’association : “Le coeur, c’est comme le soleil : s’il s’éteint, il n’y a plus de vie”.

Maxence Knepper

Crédit photo © Marion Parent

Pratique : Restos du coeur, 18 avenue Eugène-Henaff. Tél. 09 66 01 54 39.

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