Actualités / Société - mercredi 08 janvier 2014

Les sages femmes en grève réclament un statut médical

SUR la façade de la clinique de l’union, les feuilles où sont inscrits les mots “Sages-femmes en grève” sont cornées par le vent. elles ont été posées là le 16 octobre, au lendemain de la présentation par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, du plan périnatalité 2014. Car dans ce plan, point de sages-femmes.

Les quinze professionnelles de la clinique de l’union se sont donc mises en grève, comme leurs collègues, partout en France. Certaines d’entre elles ont même rejoint la manifestation parisienne le 7 novembre. elles en ont assez du manque de clarté et de reconnaissance à l’égard de leur profession. Bien que divisées sur le plan des revendications, elles exigent les mêmes choses : plus de considération, un statut à part entière et un salaire à la hauteur de leurs responsabilités. “Nous voulons des mesures concrètes. Le plan doit permettre de définir un par- cours de santé sur la périnatalité qui positionne la sage-femme comme praticien de premier recours.” C’est-à-dire que leur soit reconnue la pratique des soins. “Notre profession est en porte-à- faux, expliquent-elles. Nous exerçons une profession médicale à responsabilité limitée. Notre intervention est limitée à la physiologie de la grossesse et à la femme en bonne santé. Alors que pour de nombreux actes, nous sommes autonomes et n’avons pas besoin du médecin. Mais entre la physiologie et la pathologie, il n’y a qu’un pas”.

 

Un véritable statut médical

Quoi qu’il en soit, ces professionnelles ne sont pas de simples auxiliaires de santé. Pourtant, leurs revendications font grincer des dents certains médecins. les sages femmes demandent à travailler en intelligence avec les obstétriciens et les gynécologues en étant reconnues à leur juste valeur : “Certes, nous n’avons pas le même niveau d’études mais on ne peut pas continuer comme cela. Il faut trouver une solution”.

Leur diplôme nécessite un concours difficile et cinq ans d’études supérieures, leur métier requiert de plus en plus de compétences et de responsabilités. Elles assurent, en toute autonomie, la surveillance de la grossesse normale, du travail et de l'accouchement, ainsi que les soins à la mère et à l’enfant après l’accouchement. En 2009, conscient des problèmes de démographie médicale, le législateur avait élargi les compétences des sages-femmes au suivi gynécologique de prévention et à la contraception : elles sont autorisées à prescrire des contraceptifs, des arrêts de travail et sont à même d’assurer le suivi gynécologique régulier en dehors de la gros- sesse. “Certaines femmes sont plus à l’aise avec nous qu’avec le médecin, souligne une sage-femme. Et à l’heure où l’on manque de gynécologues, nous avons un rôle à jouer”.

Les discussions se poursuivent au ministère avec notamment l’intersyndicale des praticiens hospitaliers. Les sages-femmes de la clinique de l’union suivent de très près les négociations en cours avec la ministre de la Santé, qui a choisi, le 20 décembre, de repousser son arbitrage à fin mars. En attendant, le mouvement de grève a été reconduit. Une grève silencieuse car, malgré la colère, elles sont toujours à leur poste, pour assurer le suivi et les soins auprès des femmes.

F.M

Crédit photo © Marion Parent

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